
2020
Des recherches sur la cartographie, m’avaient orienté sur l’intéressante préparation stratégique du débarquement en Normandie par les anglais en 1945. Durant lequel des avions ultras légers, les spitfire, ont été affrétés pour photographier de très près des zones particulières de la côte normande pour prévenir les risques d’ensablement des manœuvres futures.
En prévision de cette mission dangereuse, était confiée à chaque aviateur concerné une écharpe imprimée avec les données géographiques du km2 particulier qu’il allait survoler. Ces cartes étaient imprimées sur tissu par soucis tactiques ;
une écharpe ne fait pas de bruit quand on la déplie, l’encre ne bave pas si elle chute à l’eau, elle ne se déchire pas et enfin n’est pas identifiée comme objet à confisquer par l’ennemie.
D’autre part, il est à noter qu’avant d’en comprendre l’intérêt pratique, l’usage des écharpes en soie par les aviateurs a été importé par la haute bourgeoisie. Lors des tous débuts de l’aviation, la formation des pilotes était particulièrement coûteuse. L’armée ne pouvait former ses propres aviateurs. En cette circonstance, nombre d’entre eux étaient membres des classes aisées. Ils ont alors introduit au sein du corps militaire leurs habitudes et leurs tenues. L’écharpe de soie était un accessoire chic que beaucoup d’aviateurs portaient en tant que civils. Après le déclenchement de la guerre, cet accessoire a servi à résoudre divers problèmes de vol et est devenu un élément essentiel de l’attirail militaire.
L’intérêt pour cet ensemble de faits historiques a donné naissance à une première série de foulards cartographiques réalisés en réaction à une exposition de la Galerie Art & Essai. Foulards pensés comme moyen de pénétrer la galerie d’art, lieu institutionnel emblématique, rempli d’usages tacites et presque « imprenable » par qui lui est extérieur. Ce projet a évolué depuis et s’est poursuivi en 2019 au regard de l’exposition Sous le vent de Marcel Dinahet au Frac Bretagne. Ce long travail, dont une occurrence a été présentée à la maison de la poésie, questionne comment des œuvres d’une exposition « prennent » l’espace, mais également, comment nous nous approprions les espaces et distances actuellement.